Nous sommes sur la commune de la Ville aux Dames. L’île de la Métairie est l’un des Espaces Naturels Sensibles gérés par le département 37. Exploitation agricole il y a quelques dizaines d’années, espace de loisirs accessible au public aujourd’hui. Une partie a été dégagée en prairie, une partie a été laissée à la forêt. Les arbres sont majoritairement spontanés, et l’on retrouve la végétation assez typique des forêts alluviales du bord de Loire.
Janvier, février, les sous-bois sont blancs. Les perce-neige sont partout, mêlés aux feuilles de l’Arum d’Italie. Une joie pour les sangliers, qui ‘labourent’ le sol, se régalant des tubercules de l’arum, délaissant les bulbes des perce-neige.
Perce neige
Tous, ou presque, sont des tiges souterraines, stockant les réserves permettant aux herbacées vivaces de passer la ‘mauvaise saison’ (sècheresse ou son contraire, froid ou son contraire.)
Revenons aux Arums de notre forêt. Leurs feuilles triangulaires veinées de blanc poussent depuis l’automne. Le perce neige, à défaut de neige, perce les feuilles mortes dès la mi -décembre. Des feuilles toutes neuves de la Ficaire brillent. Encore quelques jours, et sa fleur jaune vif se mêlera aux perce neige vieillissant. Aujourd’hui, ce sont ses bulbilles que nous regardons. Assez peu d’autres herbacées en cette fin d’hiver : du Lamier maculé essaie de fleurir, la Chélidoine n’est encore qu’une rosette de feuilles. Le Gaillet aparine ne mesure qu’une dizaine de centimètres.
Les plantes de la saison dernière, bien sèches, sont encore debout : les graines du Torilis s’accrochent à nos gants, celles du Cerfeuil des fous ont délaissé leurs ombelles, tout comme celles des Alliaires ont quitté leur silique. Les tiges de l’Ortie signalent les jeunes pousses. Un tout petit point bleu : première fleur de la Véronique (à feuille de lierre). Même fatigué par l’hiver, le Gléchome se signale par son odeur.
Nous sommes en forêt. Levons le nez et les yeux vers les branches. Nues en cette saison, elles se dessinent sur le ciel. A la disposition des rameaux sur la branche, à leur densité, à l’orientation de leur extrémité, on peut reconnaître l’arbre qui les porte. Orme ou Chêne, Frêne ou Erable, Robinier ou Aubépine. L’écorce du tronc et les bourgeons apportent à leur tour de sérieux indices. Et les feuilles, tombées à l’automne, confirment…ou non. Celles du Frêne sont les premières à reconstituer l’humus : on ne les retrouve plus au début du printemps. Celles des Erables et du Tilleul sont devenues bien rares. Celles du Chêne, et de l’Orme, ont mieux résisté, tout comme celles du Noyer. Près de l’eau, Saules blancs et Peupliers noirs, bien caractérisés par leur tronc large et leur écorce crevassée. Toutes leurs feuilles n’ont pas disparu. Mais que font ici ces Châtaigniers ? Sans doute un reliquat de l’ancienne Métairie ?
Les arbrisseaux sont faciles à reconnaître : Troènes (portant encore leurs fruits noirs), Fusains aux jeunes branches vertes, et Prunelliers, tous freinent l’entrée dans les sous bois. Tout comme la Clématite, et la Ronce (bleue), 2 lianes ligneuses, et le Houblon, liane herbacée orangée, encore garnie des vestiges de ses fleurs mâles.
Lever la tête ou regarder à ses pieds ne réchauffent pas beaucoup la douzaine de botanistes présents ce jour. L’observation de la forêt alluviale se continuera dans 2 semaines, 50 km plus loin en aval.
Flora Gallica, Tison et Foucault, Biotope
La Botanique redécouverte, A. Raynal Roques, Belin INRA
Botanique les familles de Plantes , Dupont et Guignard, Elsevier Masson
L’Association de Botanique et de Mycologie de Sainte-Maure-de-Touraine a pour objectif de développer la connaissance des plantes et des champignons. Des sorties sont organisées régulièrement pour découvrir, observer et identifier cette nature qui nous entoure.